Maroc

Classement des hôtels : la SMIT engage la “guerre” aux étoiles

La réforme du système de classement hôtelier initiée par le ministère du Tourisme franchit un nouveau cap. Pour en garantir l’impact et la cohérence sur le terrain, la SMIT lance une série d’études ciblées sur les hôtels classés 3, 4 et 5 étoiles. Derrière ces appels d’offres, se dessine une volonté affirmée de faire converger qualité, compétitivité et lisibilité dans une hôtellerie marocaine en pleine mutation.

C’est l’un des volets les plus structurants de la politique touristique nationale. Depuis la publication, début 2025, des arrêtés encadrant le nouveau système de classement hôtelier, le ministère du Tourisme s’attelle à réformer en profondeur l’offre d’hébergement. Il ne s’agit plus seulement de revoir la grille d’évaluation des établissements, mais de créer un véritable cadre d’amélioration continue, fondé sur la transparence, l’équité et la performance.

Pour opérationnaliser cette réforme sur le terrain, la SMIT a été mandatée afin de produire des outils concrets à destination des professionnels. C’est dans ce cadre qu’elle a lancé, en juin et juillet 2025, trois appels d’offres publics pour la conception de concepts d’aménagement intérieur types.

La mise en œuvre des recommandations issues de ces études est attendue au premier semestre 2026, en cohérence avec l’entrée en vigueur du nouveau système de classement prévue en janvier prochain. C’est à ce titre que la Société marocaine d’ingénierie touristique a été mobilisée, afin de produire des scénarios d’application sur mesure pour les établissements classés 3, 4 et 5 étoiles.

Ces scénarios ne se réduisent pas à une question de décoration ou d’image, mais s’attaquent à la structure même de l’expérience client. Ils permettront ainsi de proposer des standards opérationnels qui puissent servir de référence aux porteurs de projets et aux établissements existants en phase de mise à niveau.

Un référentiel national décliné par segment
À travers ces appels d’offres, la SMIT entend répondre à un double enjeu : aider les établissements à se repositionner dans le cadre de la nouvelle classification et garantir une cohérence nationale des standards de qualité. Chaque catégorie d’hôtel fait l’objet d’un traitement distinct, en fonction de son positionnement commercial, de ses clientèles cibles et de ses marges d’investissement.

Les hôtels 5 étoiles devront intégrer un haut niveau d’exigence, tant sur l’architecture intérieure que sur l’expérience offerte. L’approche attendue repose sur un récit fort, un design immersif et une cohérence entre les espaces, les services et l’identité de l’établissement. Les 4 étoiles, quant à eux, sont appelés à proposer un produit élégant, fonctionnel, doté d’un bon niveau de confort et d’une intégration technologique discrète.

Pour les 3 étoiles, la priorité est donnée à la clarté, à l’ergonomie et à l’optimisation budgétaire, avec une ambiance simple mais chaleureuse.

Dans les trois cas, le travail de conception portera autant sur l’optimisation des espaces que sur l’atmosphère générale, la lisibilité de l’offre ou l’intégration de solutions durables. L’objectif n’est pas d’uniformiser, mais de fournir des modèles duplicables qui respectent les spécificités de chaque territoire.

Des critères de notation encadrés et pondérés
Les propositions seront évaluées à partir de grilles strictes, où la qualité du concept d’aménagement représente une part déterminante de la note. L’originalité, la cohérence fonctionnelle, la faisabilité opérationnelle et la reproductibilité seront analysées en profondeur. Une seconde composante essentielle porte sur la viabilité économique du projet, qui fera l’objet d’un dossier séparé, avec modélisation des charges, des recettes prévisionnelles et des ratios de rentabilité sur trois ans.

Cette approche permet d’assurer une sélection équilibrée entre créativité, maîtrise technique et réalisme financier. Les équipes sélectionnées devront remettre des livrables complets, incluant des plans détaillés, des planches matériaux, des moodboards, des vues 3D et des recommandations d’exploitation.

Une montée en rigueur portée par les visites mystères
Le cœur de la réforme repose sur un principe nouveau dans le paysage hôtelier marocain : l’évaluation inopinée de la qualité réelle du service par des visites mystères. Ces contrôles anonymes, réalisés par des cabinets indépendants, reposeront sur une grille de plus de 800 critères, couvrant tout le parcours client, du check-in à la restitution de la chambre.

La fréquence de ces visites sera fixée entre cinq et sept ans, avec une possibilité d’intervention accélérée en cas de signalement. Contrairement à l’ancien système, ces contrôles ne seront plus annoncés ni centrés sur des documents, mais s’appuieront sur l’expérience réelle d’un client mystère, formé à observer les moindres détails. Propreté, température, efficacité des services, qualité de l’accueil, accessibilité, connectivité ou encore satisfaction globale seront intégrés à une base de données nationale et serviront directement à attribuer ou réviser la classification.

Un soutien stratégique aux établissements concernés
La SMIT prévoit d’allouer un budget d’ingénierie pour produire ces référentiels d’aménagement, adaptés à chaque typologie d’hôtel. Une enveloppe globale de 3,7 millions de dirhams a été engagée, répartie entre les études destinées aux établissements 5 étoiles (1,5 million), 4 étoiles (1,2 million) et 3 étoiles (1 million).

Chaque étude donnera lieu à des livrables complets, à savoir plans, maquettes, projections financières, recommandations d’exploitation, et lignes directrices sur la gestion de l’expérience client.

Ces documents permettront aux professionnels d’aligner leur projet de développement ou de rénovation sur les nouvelles exigences. Ils offriront aussi une base de dialogue avec les banques et les partenaires techniques, dans une logique d’harmonisation nationale.

La SMIT passera chaque établissement au crible financier

Avant de proposer des concepts d’aménagement, la SMIT imposera un passage obligé par l’analyse financière. Chaque scénario devra être testé à travers un modèle d’exploitation prévisionnel sur trois ans, intégrant les revenus estimés, les charges fixes et variables, les taux d’occupation réalistes et la rentabilité nette.

Ce pro forma sera intégré dans le rapport global et comptera dans la note d’évaluation. Le but est d’éviter les projets séduisants mais irréalisables. Chaque proposition doit démontrer sa solidité économique avant d’être validée comme modèle de référence.

L’intégration de cette grille financière marque un tournant méthodologique, en posant la viabilité économique comme condition indissociable de la qualité.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



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