Edito. Tempête sur les prix avant Ramadan
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À quelques jours du Ramadan, la flambée des prix atteint des niveaux inédits. Fruits et légumes hors de prix, viandes devenues inaccessibles, poissons transformés en produits de luxe… Une hausse qui dépasse largement les prévisions habituelles. Prix des tomates autour de 10 DH/kg, oignons à 8 DH, pommes de terre à 6 DH, bananes à 15 DH, œufs à 2 DH l’unité…
La liste est longue et les chiffres alarmants. Les protéines ne sont pas épargnées : viande bovine à 90 DH/kg, ovine à 122 DH, volaille à 40 DH. Côté poisson, les tarifs explosent : turbot à 189 DH/kg, sole à 120 DH, crevettes à 70 DH.
Face à ces prix, de nombreux foyers doivent revoir leurs habitudes alimentaires. Cette flambée n’est pas seulement due à l’augmentation des coûts de production. Elle résulte aussi d’un marché défaillant où la spéculation règne en maître. Les intermédiaires accaparent des marges opaques, tandis que le consommateur reste impuissant. Et tout le monde n’est pas touché de la manière car les inégalités se creusent d’année en année.
Entre 2014 et 2022, le niveau de vie des plus modestes n’a progressé que de 1,1%, contre 1,4% pour les plus aisés. Plus qu’une crise conjoncturelle, cette flambée traduit une précarisation accrue de la classe moyenne.
Entre logement, éducation et santé, l’alimentation représente désormais un fardeau supplémentaire, limitant toute possibilité d’épargne ou d’amélioration des conditions de vie. Sans une action ferme pour encadrer les prix et réguler le marché, le Ramadan continuera d’être un exercice financier très délicat pour des millions de Marocains.
Hicham Bennani / Les Inspirations ÉCO