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Taux débiteurs en recul : Bank Al-Maghrib redonne de l’air à l’économie

La dernière enquête de Bank Al-Maghrib (BAM) met en lumière une nouvelle baisse des taux débiteurs au quatrième trimestre 2024, conséquence directe des ajustements du taux directeur. Cette évolution vise à soutenir l’investissement et la consommation dans un contexte économique en mutation. Décryptage avec Faouzi Mourji, professeur d’économétrie appliquée.

Les taux baissent, le crédit devient moins cher. Mais pour quel impact ?
C’est la question soulevée par la dernière enquête de Bank Al-Maghrib, publiée le 7 février 2025. Selon les chiffres révélés, le taux débiteur global s’est établi à 5,08% au quatrième trimestre 2024, enregistrant une baisse de 13 points de base. Une évolution qui s’inscrit dans la dynamique de la politique monétaire adoptée ces derniers mois.

Tous les types de crédits bénéficient de cette tendance. Les facilités de trésorerie sont octroyées à 5%, les crédits à l’équipement à 4,99%, et les prêts immobiliers à 5,02%.

Seuls les crédits à la consommation conservent un taux élevé de 6,99%, reflet de leur nature plus risquée. Les grandes entreprises accèdent désormais à des crédits à 5,08%, alors que les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) restent soumises à un taux plus contraignant de 5,70%.

Une politique monétaire à l’œuvre
Cette évolution des taux d’intérêt s’explique par les décisions de Bank Al-Maghrib, qui a procédé à trois baisses consécutives de son taux directeur, le ramenant de 3% à 2,5% entre mars et décembre 2024.

«Quand BAM baisse son taux directeur, c’est un signal qu’elle donne aux marchés. Ensuite, elle suit cette décision en injectant de la liquidité ou en achetant des titres. Résultat, les taux débiteurs diminuent car il y a davantage de liquidité sur le marché», analyse Faouzi Mourji.

L’objectif est double, rendre le crédit plus accessible et stimuler l’investissement productif.

Un levier pour l’économie réelle
La baisse des taux débiteurs réduit directement le coût du financement pour les entreprises et les ménages, facilitant ainsi l’accès au crédit.

«Cela facilite le financement des entreprises, car leurs coûts d’accès aux crédits pour l’équipement ou le fonds de roulement sont plus faibles. Cela encourage donc l’endettement productif», explique Faouzi Mourji.

Une dynamique qui pourrait se traduire par une baisse des coûts d’investissement, une amélioration de la compétitivité des entreprises et un renforcement de la consommation des ménages.

Pourquoi les crédits à la consommation restent-ils chers ?
Malgré la tendance générale à la baisse, les crédits à la consommation restent plus coûteux que les autres, atteignant 6,99%, contre moins de 5,1% pour les autres catégories.

«Cela s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, ces crédits sont plus risqués et plus courts en durée. Ensuite, ils entraînent un coût d’intermédiation plus élevé, car ils nécessitent davantage de dossiers à traiter. Enfin, leur risque de défaut est supérieur, ce qui oblige les banques à appliquer des marges plus importantes», détaille Faouzi Mourji.

En effet, les crédits à la consommation sont généralement contractés pour des achats immédiats, souvent sans garanties solides. Contrairement aux crédits immobiliers ou aux financements d’équipements d’entreprise, ces prêts sont plus difficiles à recouvrir en cas de défaut de paiement.

Cette situation pousse les banques à augmenter les taux d’intérêt pour compenser le risque plus élevé de non-remboursement.

Les TPME, toujours en difficulté face au crédit
Si la tendance à la baisse bénéficie aux grandes entreprises, les TPME continuent de supporter des taux plus élevés en raison de leur profil de risque.

«Lorsqu’une banque finance une grande entreprise, elle dispose de plus d’informations et de garanties. En revanche, pour une petite entreprise, le risque perçu est plus grand, ce qui se traduit par des taux plus élevés», explique Mourji.

Les TPME souffrent également d’un accès plus limité aux financements alternatifs. Contrairement aux grandes entreprises qui peuvent lever des fonds via les marchés financiers ou attirer des investisseurs institutionnels, les petites entreprises dépendent essentiellement des banques pour obtenir des crédits.

Cette dépendance accrue se traduit par des conditions de financement souvent plus strictes. Pour améliorer l’accès au crédit des TPME, l’expert recommande d’intensifier la concurrence bancaire et de renforcer la transparence financière des petites structures.

Plus de visibilité sur la santé financière des TPME permettrait aux banques d’évaluer plus précisément les risques et, ainsi, d’ajuster les taux à des niveaux plus compétitifs.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



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