Maroc

Mohamed Lazhar : “Une carte comme remède à la négligence et la méconnaissance”

Mohamed Lazhar
Professeur d’archéologie et patrimoine à l’Université Ibn Zohr -Agadir

Dans une avancée majeure en faveur de la préservation du patrimoine culturel marocain, le ministère de la Jeunesse de la Culture et de la Communication, en partenariat avec l’Agence nationale de la conservation foncière, du Cadastre et de la Cartographie (ANCFCC), a annoncé la publication de la première carte archéologique nationale. Ce projet ambitieux s’inscrit dans le cadre de l’inventaire du patrimoine culturel du Royaume et de sa préservation. Il vise également à assurer une meilleure gestion des monuments et des sites archéologiques.

Quelle est l’importance de cette première carte archéologique nationale du Maroc pour la préservation du patrimoine culturel ?
La première carte archéologique nationale permettra de mieux inventorier et connaître notre patrimoine, ce qui est essentiel pour sa gestion. Actuellement, la négligence de certains sites et monuments historiques résulte souvent d’une méconnaissance. Cette carte vise à remédier à cette situation en facilitant la préservation et la mise en valeur de ces sites, tant dans le cadre du tourisme culturel que dans l’aménagement des territoires.

Comment cette carte peut-elle aider les chercheurs et archéologues dans leur travail ?
Il est essentiel de rendre ces sites plus visibles, de manière continue, pour les chercheurs, la société civile (notamment les nombreuses associations engagées dans la préservation du patrimoine), le ministère de la Culture, et pour divers partenaires intéressés.

À ce jour, de nombreux sites sont négligés et méconnus, certains s’écroulent même. Grâce à cette carte, nous pourrons établir un véritable diagnostic, ce qui permettra de réaliser les interventions nécessaires de manière mieux coordonnée. Des visites régulières permettront de mettre en œuvre des actions prioritaires de préservation.

Avec cette carte, les chercheurs pourront non seulement mieux gérer ce patrimoine, mais aussi contribuer à la sensibilisation et à la médiatisation de certains sites encore peu connus du grand public et de la communauté internationale.

Cependant, de nombreux sites manquent de signalisation et de panneaux informatifs. Ne serait-il pas également nécessaire de mettre en œuvre des actions concrètes sur le terrain pour remédier à cela ?
Le Maroc, avec sa civilisation millénaire, est doté d’un patrimoine archéologique exceptionnel. Cependant, en comparant l’ampleur de ce patrimoine avec les ressources humaines et matérielles disponibles, il apparaît clairement que ces moyens sont insuffisants.

Les sites les mieux protégés et les mieux gérés sont ceux qui sont inscrits au patrimoine mondial, étant donné que nous sommes signataires d’un certains nombres de conventions qu’il faut respecter. Concernant les autres sites, nombreux sont ceux qui ne disposent ni d’un centre de conservation, ni des moyens financiers, ni  du matériel nécessaire. Il faut arriver à rendre compatible cette richesse archéologique avec les moyens à déployer.

Comment cette carte va-t-elle contribuer au développement du tourisme culturel dans le pays ?
J’ai réalisé une étude comparative sur le patrimoine de la région de Fès-Meknès et j’ai constaté une différence notable entre les trois sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial et d’autres sites, pourtant plus importants, situés vers Boulemane et Ifrane. Ces derniers ne sont ni inscrits sur la liste, ni suffisamment médiatisés. Ils ne sont même pas inclus dans les circuits touristiques.

Grâce à cette nouvelle carte, ces sites pourraient attirer un nombre de touristes comparable à ceux qui sont inscrits, et ainsi participer à la dynamisation du tourisme dans les régions concernées.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



Gouvernance des EEP : une réforme en profondeur se prépare


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page