Conjoncture. L’activité économique poursuit son redressement au Maroc
Malheureusement, les effets ne se feront pas sentir cette année, le royaume s’acheminant vers une sévère récession de -6,6%. Selon la Direction des études et des prévisions financières, depuis octobre, les clignotants sont au vert dans tous les secteurs sauf dans le tourisme et le transport aérien, qui broient encore du noir.
À fin novembre 2020, l’activité économique nationale a poursuivi son redressement, confirmé par la reprise de la demande en énergie et de la mobilité dans les principaux lieux publics (voir encadré). Cette évolution favorable est également corroborée par la dynamique observée au niveau des baromètres sectoriels et des échanges extérieurs. Ces informations proviennent de la dernière Note de conjoncture de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) du ministère de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration. Selon ce document, pratiquement tous les secteurs, à forte contribution dans la valeur ajoutée nationale, ont poursuivi leur redressement d’un mois à l’autre, s’engageant ainsi dans une reprise assurée en 2021, avec toutefois des rythmes de rattrapage différents d’un secteur à l’autre, sauf ceux du tourisme et du transport aérien.
Progression de 4,5% des exportations agricoles en octobre
Dans le secteur de l’agriculture et agroalimentaire, les exportations ont poursuivi leur reprise entamée en juin, avec une progression de 4,5% durant le mois d’octobre. Compte tenu d’une hausse de 10,7% enregistrée au titre de la période s’étalant entre juin et septembre 2020, la baisse de la valeur des exportations du secteur a été maîtrisée à seulement -0,5% au titre des dix premiers mois de l’année, recouvrant notamment une évolution positive des expéditions à l’étranger des produits de l’industrie alimentaire (+0,3%). S’agissant de la campagne d’exportation des produits agricoles 2020-2021, qui a commencé le 1er septembre dernier, les perspectives s’annoncent prometteuses selon le département de l’Agriculture, en dépit du contexte international difficile en relation avec la crise de Covid-19. En effet, les exportations de clémentines ont enregistré une croissance, en glissement annuel, de 60% durant la période s’étalant entre le 1er septembre et le 22 novembre, pour atteindre un volume de 106.600 tonnes. Cette évolution positive est également constatée pour les produits maraîchers qui ont atteint, au 22 novembre dernier, un volume de 214.500 tonnes, soit une augmentation de 15% par rapport à la campagne précédente. Les indicateurs du secteur de la pêche ont également renoué avec la croissance au 3e trimestre, affichant une hausse des débarquements de 0,7% en volume et de 7,6% en valeur.
Au 3e trimestre 2020, le secteur extractif a lui aussi poursuivi son comportement favorable, en ligne avec la hausse de son indice de production de 3,8%, après +7,6% au 2e trimestre et une légère baisse de 0,4% au 1er trimestre de la même année, portant sa croissance à 3,7% à fin septembre 2020, après +2,8% un an plus tôt.
Hausse de 6,6% des exportations de phosphate roche
Parallèlement à cette évolution, la production de phosphate roche, principale composante de ce secteur, s’est accrue au troisième trimestre 2020 de 5%, après +2,3% il y a une année. Au terme des neuf premiers mois de l’année, cette production s’est renforcée de 4,8%, après +2,3% un an auparavant. Cette évolution a bénéficié de la bonne tenue des exportations du secteur, ayant enregistré, à fin octobre 2020, une performance en volume de +6% pour le phosphate roche et de +11,5% pour ses dérivés.
Par ailleurs, sous l’effet prix, le chiffre d’affaires global à l’export de l’OCP s’est replié de 2,2% au terme des dix premiers mois de l’année pour se situer à 41,5 MMDH. Les ventes de ciment, principal baromètre du secteur du BTP, ont également repris avec le déconfinement progressif (+33% en juin, +18,6% en août, +7,8% en septembre et +6,7% en novembre 2020), mais elles ne sont pas encore parvenues à absorber la forte chute observée lors des mois de plein confinement (-44% courant les mois de mars à mai). Du côté des crédits à l’immobilier, ceux-ci ont pu préserver leur évolution positive en enregistrant une hausse de 1,8% à fin octobre, après +3,2% il y a une année. Cette progression recouvre un accroissement des crédits à l’habitat de 2,6% après +2,2% à fin septembre dernier, allégé par le retrait de ceux accordés à la promotion immobilière de 0,3%.
Redressement de l’indice de production du secteur manufacturier
Au niveau industriel, le rythme baissier de l’indice de production du secteur manufacturier, hors raffinage de pétrole, a enregistré une atténuation notable, passant de -21,4% au 2e trimestre 2020 à -2,6% au 3e trimestre. Au premier mois du 4e trimestre, les derniers résultats de l’enquête de conjoncture de Bank Al-Maghrib auprès du secteur manufacturier ont fait état d’une augmentation de la production et des ventes d’un mois à l’autre dans l’ensemble des branches d’activité. L’amélioration des ventes a été observée tant sur le marché local qu’étranger. Le taux d’utilisation des capacités de production (TUC), quant à lui, s’est accru de 2 points de septembre à octobre 2020 pour se situer à 72%. S’agissant des exportations du secteur industriel, le comportement favorable des exportations manufacturières enregistré au 3e trimestre 2020 s’est poursuivi durant le mois d’octobre, marquant des performances positives au niveau des secteurs de l’automobile (+5%), du textile et cuir (+11,5%), de l’alimentaire (+11,9%), des dérivés de phosphates (+1,9%) et de l’électronique et électricité (+5,3%). En somme, la majeure partie des secteurs économiques ont connu un redressement progressif de leurs activités. Seuls les secteurs du tourisme et du transport aérien peinent à retrouver le chemin de la reprise. À fin septembre 2020, le volume des arrivées et des nuitées touristiques s’est replié, au niveau national, de 78% et de 69% respectivement, compte tenu d’une baisse de près de 95% et de 84% respectivement durant le 3e trimestre, conjuguée à un recul de 63% et de 59% au terme du 1er semestre 2020. Quant au transport aérien, le nombre de passagers accueillis dans les aéroports nationaux s’est réduit de 89% au 3e trimestre 2020 après un recul de 99,1% au 2e trimestre. Pour sa part, le trafic du fret aérien a baissé de 37,3% après -64%, et le mouvement des avions de 81,5% après -96,6%.
Aziz Diouf / Les Inspirations Éco