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Abdelaziz Mantrach : “Il faut encourager le Made in Morocco”

Face aux perturbations que connaît le commerce international et à l’arrêt d’activité que connaissent plusieurs lignes de production au Maroc et à travers le monde, les exportateurs marocains sont confrontés à une situation inédite et les constats sont alarmants. Toutes les chaînes logistiques aériennes, terrestres ou maritimes sont bousculées par la propagation du nouveau coronavirus (Covid-19), et des mesures ont été prises par les gouvernements pour lutter contre la pandémie. Au niveau des industriels et des exportateurs, cela se traduit par des ruptures de stocks, des lignes de production à l’arrêt faute d’intrants, des contrats suspendus, des déficits de paiement…  Analyse avec Abdelaziz Mantrach, vice-président de l’Association marocaine des exportateurs (ASMEX) et président de sa Commission logistique…

Quelles sont les répercussions du Covid-19 sur l’activité des opérateurs, notamment au niveau de la logistique ?
Cette crise inédite a eu un impact désastreux sur l’économie mondiale, ce qui a abouti à un taux de chômage jamais égalé auparavant, et donc à des répercutions sur les entreprises exportatrices. Les dégâts au niveau de la logistique étaient importants, puisque le taux de réduction des activités est estimé entre 60 à 100% selon le secteur d’activité. Le confinement observé dans une majorité de pays a ralenti le commerce international, ce qui a abouti à l’annulation ou au report des commandes émanant des donneurs d’ordres. Par conséquent, les grandes lignes maritimes ont réduit leurs capacités, annulé des départs, immobilisé des navires et suspendu les projets de nouvelle desserte.

Quels sont les secteurs les plus touchés ?
Les services aux entreprises, les BTP, l’industrie, le tourisme et le secteur de la communication et l’information sont les secteurs les plus touchés. De plus, deux tiers du secteur de l’exportation ont été impactés gravement par cette pandémie.

Comment jugez-vous les relations entre les exportateurs marocains et leurs clients étrangers, en cette période de crise ?
L’exportateur marocain doit absolument s’adapter à cette nouvelle situation post-Covid-19, l’anticipation et la réactivité doivent désormais être les fondamentaux des relations avec les clients étrangers, diversifier les sources d’approvisionnement en matières premières et intrants, et utiliser massivement le e-commerce et les nouvelles technologies pour la vente de produits marocains à l’étranger, tout en restant vigilants sur la problématique de l’insolvabilité.

Quelles sont les mesures d’accompagnement mises en place par l’ASMEX pour les opérateurs ?
L’Association marocaine des exportateurs a été mobilisée tout au long de cette période de confinement pour soutenir, accompagner et encadrer toutes les entreprises exportatrices impactées directement et indirectement par cette crise. C’est une priorité absolue. Parallèlement, toutes les instances de l’association ont été mobilisées pour anticiper, réfléchir et analyser la situation afin de permettre à l’ASMEX de jouer pleinement son rôle de force de proposition pour le gouvernement. À plusieurs reprises, des rencontres et des réunions en format visioconférence ont permis aux exportateurs d’exposer leurs problématiques à des responsables du gouvernement et/ou des secteurs bancaire et d’assurance. Plusieurs propositions ont été faites à ce titre et d’autres sont en cours d’élaboration par une commission constituée spécialement à cet effet par l’ASMEX pour préparer l’après-Covid-19. En même temps, dans un souci d’efficacité de l’action et d’une réactivité souvent instantanée, une cellule de crise veille à accompagner les opérateurs, répondre à leurs questions au quotidien et régler leurs problèmes dans la mesure du possible, à les orienter et les sensibiliser pour mieux s’adapter à la situation actuelle et pour prendre les mesures de prévention, d’hygiène et de distanciation nécessaires. Une cellule de crise a été créée pour conseiller les entreprises sur la manière de s’adapter, notamment en appliquant des mesures sanitaires d’hygiène et de distanciation adéquates afin de préserver leur activité et la santé de leurs employés.

Quels sont les enseignements que les opérateurs -mais aussi l’association- pourraient tirer de cette crise inédite ?
Il est évident que la première leçon à retenir de cette crise est de fabriquer localement, et donc la nécessité d’un développement et d’un soutien harmonieux de notre industrie nationale pour limiter la dépendance de notre économie vis-à-vis de l’international. Nous sommes tous d’accord qu’il faut encourager le Made in Morocco en termes de consommation, mais aussi en termes de promotion à l’international. L’exemple des bavettes est, en cela, très riche en enseignements. Les pays développés vont certainement repenser leur approche et relocaliser les industries stratégiques qui étaient implantées en Asie. C’est pour cela qu’il est intéressant de démarcher nos pays amis européens, de sorte à proposer le Maroc comme plateforme de relocalisation étant donné les atouts de proximité et de compétitivité dont dispose notre pays. L’autre grande leçon que nous tirons de cette crise est l’importance de la digitalisation et du développement du e-commerce pour nos opérateurs économiques en général et nos exportateurs en particulier. C’est grâce à cela que nous avons pu maintenir une bonne partie des commandes dans ce contexte difficile.



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