Culture

Photographie: confinement, en noir et blanc

Entre la France et le Maroc, Julien Chapon offre son regard au monde. À travers des clichés en noir et blanc qu’ils partagent volontiers sur les réseaux sociaux pendant le confinement, le photographe revient sur ses envies d’éphémères comme la beauté de l’instant présent qui prend tout son sens pendant cette crise que le monde traverse. Zoom sur un travail au supplément d’âme.

Il a pour habitude de partir d’un rien pour faire un tout. Il peut s’agir d’un hangar abandonné, une bâtisse sans âme à laquelle on redonne un souffle grâce à la magie de l’art. C’est ce que le plus poétique des photographes propose à chaque fois, soit en marge du Printemps des Alizés d’Essaouira, sa ville de cœur soit sur les dunes de Dakhla ou encore dans les montagnes françaises. Il partage son temps entre ses deux pays – le Maroc et la France- et offre un regard tendre sur l’humain.

L’insoutenable légèreté du moment présent
Un bâtiment qui ne paye pas de mine, délaissé mais qui est revisité par l’œil aiguisé du talentueux designer Jean Baptiste Liotard. Quelques ampoules accrochées et des bougies pour faire la lumière sur le talent d’artistes, sur des toiles, des installations, des photos, des mots. Une expérience à vivre quelques instants car le moment est incertain, surprenant, brutal parfois mais souvent poétique. C’est en tout cas ce que soutient le photographe Julien Chapon qui propose ce concept de galerie éphémère, quand il le peut, une exposition de deux heures dans un endroit aménagé pour accueillir des artistes nomades. «J’aime l’instant, l’instant éphémère à travers des rencontres que je peux avoir avec des gens, des artistes, d’Essaouira, de la campagne. L’idée, c’est de mettre en lumière cette poésie. Je veux partager un monde plus poétique que celui dans lequel on vit aujourd’hui. Avoir un lieu comme celui-ci représente une certaine brutalité sur laquelle on pose des fenêtres de poésie», explique le photographe qui tombe amoureux du Maroc et d’Essaouira et décide de capter des instants sincères à l’aide de son appareil photo avec son épouse Karine Oortmeyer, elle aussi photographe. Un voyage à travers le Maroc nourri de rencontres, des rencontres qu’il décide de partager sur les réseaux sociaux pendant ce confinement, histoire de faire voyager à travers ses destinations de prédilection. «Essaouira est une inspiration, c’est la douceur. Aujourd’hui, j’ai beaucoup de mal à accepter ce qui se passe dans le monde. Défendre mes rencontres et leur talent, c’est la seule arme que j’ai. J’ai décidé de les utiliser». Il décide même d’en faire une histoire qu’il espère emmener aux quatre coins du monde, une histoire autour d’un personnage : Ana Mogador qui signifie «Je suis Mogador» mais qui fait référence à son personnage Ana Maria Mogador, la voyageuse qui porte le message d’Essaouira au monde entier et va voyager en fonction de ses rencontres pour porter le nom de Mogador et d’Essaouira. «J’aime capter la sincérité, pour moi rien n’est posé, tout est en mouvement. Et c’est dans ces mouvements là qu’on retrouve la poésie. C’est bouleversant la manière dont vous accueillent les gens qui n’ont rien ou presque rien. Cette chaleur et cette sincérité, c’est ce qui me marque au Maroc !», continue le photographe qui présente un travail fin et raffiné sur des portraits de Marocains du milieu rural en noir et blanc. Publié aux Éditions des rivages, ce volume 1 a été rendu possible grâce à des sponsors locaux : Océan vagabond, Jardin des douars, Le taros et Histoire de filles par amour pour Essaouira encore et toujours. En attendant d’autres volumes, l’isolement et la crise mondiale inspirent le photographe épidermique. Il offre à ces fans des clichés à couper le souffle, tous les jours, même à distance.



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